• Une tombe découverte à Louxor

    Suspense et grincements de dents dans la vallée des Rois


    ARCHÉOLOGIE - Une tombe découverte à Louxor, en Égypte, pourrait être celle de la veuve ou de la mère de Toutankhamon

    Les égyptologues retiennent leur souffle en attendant que soit percé le mystère de la première tombe découverte dans la vallée des Rois, à Louxor, depuis celle de Toutankhamon, en 1922. Mais cette découverte surprise, en février, par une équipe américaine de l’Université de Memphis suscite des grincements de dents dont les échos se font entendre au-delà de la plus célèbre nécropole de l’Égypte pharaonique.
    L’hypothèse que cette petite sépulture nommée KV63 recèle une momie royale – peut-être celle de la veuve ou la mère de Toutankhamon – est ouvertement évoquée, et disputée, par les égyptologues américains et égyptiens. « Nous sommes tous très enthousiastes, mais nous devons rester prudents », a dit à l’AFP Lorelei Corcoran, directrice de l’institut d’archéologie de l’Université de Memphis, pour qui la découverte est déjà « unique ».
    Pour sa part, le directeur des antiquités de Louxor, Mansour Boraïk, estime à « 70 % » les chances d’exhumer une momie royale dans l’ultime des sept sarcophages en bois qui gisaient depuis 3 000 ans au milieu de 28 jarres. La récente découverte dans la tombe, annoncée ce week-end, de trois petits sarcophages dorés renforce cette hypothèse, alors qu’initialement il ne semblait s’agir que d’une cache pour matériel de momification. Le découvreur Otto Schaden, qui conduit l’équipe américaine, pencherait en faveur de la momie de Ankhesenpamon, la veuve de Toutankhamon, ayant trouvé des traces de son nom sur le sceau d’une jarre. Pour Zahi Hawass, le patron des antiquités égyptiennes, il pourrait s’agir de la mère du pharaon, dont on ignore l’identité, et non de son épouse qui a survécu à Toutankhamon, mort à l’âge de 18 ans. « La veuve de Toutankhamon s’est remariée avec le haut dignitaire Ay, devenu pharaon en fin de la 18e dynastie, et elle a eu le temps de se faire enterrer plus dignement » que dans ce caveau, estime-t-il. La sépulture était enfouie sous des gravats, à quatre mètres de profondeur, et elle est distante de seulement sept mètres de celle de Toutankhamon, la KV62, qui recelait, elle, un extraordinaire trésor.
    Si Akhenaton l’hérétique est présenté comme le père de Toutankhamon, sa mère est inconnue : Nefertiti, une princesse étrangère ou sa nourrice Maya, dont la tombe a été trouvée en 1996 à Saqqarah par l’égyptologue français Alain Zivie. « C’est excitant, cette découverte pourrait lever le voile sur la fin de cette période cruciale », a dit ce dernier à l’AFP.
    Si les archéologues égyptiens et américains exposent publiquement leurs divergences, plus feutrées mais non moins réelles sont celles qui ont éclaté au sein de l’équipe américaine. Zahi Hawass, le tout-puissant chef des antiquités, ne s’est pas privé de révéler lui-même « ce combat » opposant Otto Schaden à sa « patronne » au sein de l’Université de Memphis, Lorelei Corcoran. Il a affirmé dans l’hebdomadaire al-Ahram Weekly, que la dispute porte sur « la direction de la fouille » et que ces « excellents égyptologues » se disputent aussi sur « qui doit parler à la presse », s’échangeant des courriers acrimonieux. « Évitons la dramatisation, l’essentiel est ce que la tombe va révéler, et honnêtement, je n’en sais rien », a indiqué Mme Corcoran, précisant que la concession de fouille a été étendue à la fin juin.
    À cette contestation interne à l’équipe américaine s’ajoute aussi la revendication de l’archéologue britannique, Nicolas Reeves, un des meilleurs spécialistes de la vallée des Rois, d’avoir le premier repéré la sépulture. À la tête d’un vaste projet nommé « Amarna Royal Tomb Project » (ARTP), Reeves avait travaillé dans la zone du sanctuaire KV63 jusqu’à 2002, date à laquelle il fut injustement soupçonné d’avoir trempé dans un trafic d’antiquités. « Tristement, on ne nous a pas laissé l’opportunité de mettre notre stratégie à l’œuvre », écrit-il dans son site Internet, en exprimant sa grande déception devant le « fait accompli » de la découverte par Otto Schaden.

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